Pourquoi Article 3 ne propose pas de modalités ?

Article 3 ne pro­pose ni ne défend aucune moda­li­té détaillée de mise en œuvre du RIC. Article 3 se foca­lise uni­que­ment sur la modi­fi­ca­tion de l’article 3 de notre Constitution. Cependant notre pro­po­si­tion de loi consti­tu­tion­nelle com­porte des moda­li­tés concer­nant l’ins­tau­ra­tion du RIC3 points non-négociables : 

  • qu’il soit en toutes matières ;
  • modi­fiable uni­que­ment par référendum ;
  • dis­so­lu­tion de l’Assemblée natio­nale si le RIC n’est pas fonc­tion­nel dans les 6 mois.

Il est ten­tant de pré­ci­ser les moda­li­tés du RIC, pour mon­trer par exemple com­ment il peut être le plus effi­cace. Les moda­li­tés du RIC sont en effet très impor­tantes et par­ti­cu­liè­re­ment inté­res­santes à étu­dier, cepen­dant elles ont une ten­dance à divi­ser les mili­tants du RIC qui sont pour­tant d’ac­cord sur le Principe. (En savoir plus sur les moda­li­tés du RIC.)

Néanmoins, il est cer­tain que lorsque nous aurons gagné sur ce point, il fau­dra tran­cher la ques­tion des moda­li­tés. Il n’est donc pas inop­por­tun de com­men­cer à y réflé­chir. Pour cette rai­son, notre asso­cia­tion a co-animé un débat en ligne sur la pla­te­forme Parlement & Citoyens (du 21 décembre 2018 au 22 février 2019) et par­ti­cipe acti­ve­ment aux ini­tia­tives telles que Culture-RIC ou Objectif-RIC qui tentent de déter­mi­ner des moda­li­tés de RIC consen­ties par les Français.

L’outil du RIC n’existe pas en France. Il reste donc à ima­gi­ner. L’exemple du Référendum d’Initiative “dite” Partagée met bien en évi­dence l’importance des moda­li­tés dans la pro­cé­dure. L’initiative est exclu­si­ve­ment par­le­men­taire et même si elle est sou­te­nue par 10% des d’é­lec­teurs (4,7 mil­lions en 2019 ce qui est assez éle­vé), le réfé­ren­dum n’est pas sys­té­ma­tique. Un simple exa­men en pre­mière lec­ture par les deux chambres écarte défi­ni­ti­ve­ment le recours au réfé­ren­dum. En chan­geant juste un mot, la pro­cé­dure a été vidée de tout son sens. Le texte ori­gi­nal disait que “si la pro­po­si­tion de loi n’a pas été adop­tée par les deux chambres” il y a réfé­ren­dum. En rem­pla­çant sim­ple­ment “adop­té” par “exa­mi­né”, la pro­cé­dure est pas­sée d’une pro­cé­dure de contre-pouvoir réel à une simple demande d’examen. Bref, le diable se cache dans les détails et les moda­li­tés d’application ont donc une très grande importance.

En résumé :

Article 3 ne propose pas de modalités pour ne pas diviser.

Au contraire nous sou­hai­tons unir les forces de tous ceux qui sont favo­rables au prin­cipe du RIC en toutes matières.

Nous vou­lons ras­sem­bler tous les démo­crates pour redon­ner le pou­voir au peuple. C’est notre rai­son d’être. Notre mis­sion est de faire triom­pher l’intérêt géné­ral sur l’intérêt par­ti­cu­lier du petit nombre d’élus qui consi­dèrent trop sou­vent nos votes comme des chèques en blanc. Nous vou­lons pla­cer l’in­té­rêt géné­ral au cœur de nos institutions.

L’intérêt par­ti­cu­lier de l’oligarchie au pou­voir va natu­rel­le­ment contre cette mission.
Les poli­ti­ciens d’aujourd’hui sont natu­rel­le­ment ten­tés de lut­ter contre les idées por­tées par Article 3.
Beaucoup d’entre eux ne res­pectent pas leurs pro­messes, disent ce que les gens veulent entendre, dépensent autant que pos­sible pour leur cam­pagne élec­to­rale, et une fois élus passent leur man­dat à pré­par­rer leur réélection…
Pas éton­nant qu’ils sont si réti­cents à ins­tau­rer le RIC, ils auraient des comptes à rendre pen­dant leur man­dat : fini les fausses pro­messes, fini les petits arran­ge­ments avec les lob­bys, fini les chèques en blanc !

Tout sera fait pour nous décou­ra­ger, pour nous divi­ser, alors que nous sommes plus de 80% en France à vou­loir le RIC.

Le débat sur les moda­li­tés est le ter­rain idéal pour la divi­sion. Par exemple, sur le pour­cen­tage des ins­crits à dépas­ser pour qu’une pro­po­si­tion soit sou­mise au réfé­ren­dum. Les pro­po­si­tions des par­tis vont de 0,67% à 10%, soit un fac­teur de 1 à 15.

Mettez-vous à la place de quelqu’un qui a peur du RIC : que feriez-vous ?
Plus le dis­cours sur le RIC avance, plus nos poli­tiques agitent la peur de l’instabilité ou le miroir aux alouettes de la démo­cra­tie « par­ti­ci­pa­tive », l’avez-vous remarqué ?
Vous pré­fé­rez « par­ti­ci­per » à une dis­cus­sion dont l’issue est bien au chaud entre les mains d’élus qui n’ont aucun compte à vous rendre ? Ou bien êtes-vous déci­dés à prendre votre des­tin et celui de vos enfants entre vos propres mains pour sor­tir de la déma­go­gie et du men­songe per­ma­nent de nos pro­fes­sion­nels de la politique ?

Les propositions de seuil des partis et associations

Plusieurs par­tis et asso­cia­tions incluent le RIC dans leur programme.
Vous ne croyez peut-être plus ce qu’il y a dans les pro­grammes… et cela peut se comprendre…
Au 1er mars 2014 la France « poli­tique » c’est 44,6 mil­lions d’inscrits sur les listes élec­to­rales. À par­tir de quel pour­cen­tage d’inscrits faut-il consi­dé­rer légi­time qu’un pro­jet de loi ini­tié par le peuple soit sou­mis à référendum ?

Voici quelques exemples de 2012 qui montrent la diver­si­té des positions :

Type Nom Taux Nombre d’ins­crits
Association Les Colibris 0,67 % 300 000
Parti Nouvelle Donne 0,67 % 300 000
Parti UMP 1 ou 2 % 446 000
Parti PRG 1,57 % 700 000
Parti EELV 5 % 2 230 000
Parti UMP 10 % 4 460 000

Ce tableau est trié par nombre d’inscrits et par ordre alpha­bé­tique des asso­cia­tions ou partis. 
Avez-vous remar­qué un détail étonnant ?
Un des par­tis est en effet cité deux fois. Deux groupes de dépu­tés UMP ont dépo­sé cha­cun un pro­jet de loi avec des taux dans un rap­port de 1 à 10.
N’est-ce pas étrange ? Et ce pro­jet de loi est « enter­ré » depuis.
Surpris ?
Pas nous.

Et l’article 11 ?

Dans l’article 11 de la Constitution, une pro­po­si­tion de loi dépo­sée par au moins 20% de par­le­men­taires et « vali­dée » par le Conseil consti­tu­tion­nel doit ensuite recueillir le sou­tien de 10% des ins­crits. Tout ça fina­le­ment pour ne la sou­mettre à réfé­ren­dum que si dans les 6 mois, elle n’a pas été exa­mi­née en pre­mière lec­ture par les deux chambres. En fait, les groupes par­le­men­taires de la majo­ri­té ou le gou­ver­ne­ment dis­posent avec cet article 11 d’un moyen infaillible pour écar­ter le recours au référendum.
L’article 11 est une mas­ca­rade, ce n’est en aucun cas un RIC, et ce n’est même pas un « réfé­ren­dum d’i­nia­tive par­ta­gée » : seuls les par­le­men­taires ont l’initiative.
(Pour en savoir plus, voir l’ob­jec­tion n°13 de « Reponses aux argu­ments anti-RIC ».)

Mais alors, on n’y arrivera jamais ?

Si, jus­te­ment : la divi­sion est l’arme des faibles. Rappelons-nous que nous sommes plus de 80% à vou­loir le RIC. Article 3 veut évi­ter ces divi­sions, car elles nous éloignent de notre but com­mun. Nous pen­sons en plus que ce débat n’est pas très utile à ce stade. Lorsque nous aurons ins­tau­ré le RIC en toutes matières, nous pour­rons dis­cu­ter en détail de ses moda­li­tés. Pour l’ins­tant ce débat porte sur les détails de quelque chose qui n’existe pas, et nous fait perdre de vue l’ob­jec­tif pre­mier : mettre fin à l’im­puis­sance poli­tique des citoyens.

L’article 3 de la Constitution que nous pro­po­sons per­met qu’un RIC modi­fie les moda­li­tés si le peuple le juge utile. Et cet article n’est modi­fiable que par voie référendaire.

« Le seuil, c’est très important… »

C’est ce qu’on nous dit sou­vent. Il fau­drait s’assurer d’avoir un seuil assez bas avant de se lan­cer. Ce n’est pas for­cé­ment vrai. Quand l’enjeu est jugé impor­tant et qu’une ques­tion a un effet direct sur l’avenir de tous, les citoyens se mobi­lisent et même un seuil fort peut être atteint.

De plus, le seuil de signa­tures n’est pas la seule éven­tua­li­té de déclen­che­ment de RIC à envi­sa­ger. D’autres pro­po­si­tions comme le « dia­mètre crois­sant » ou l’ »échan­tillon trié au sort » sont tes­tées loca­le­ment dans nos consul­ta­tions sur le RIC depuis quelque temps et sont très prometteuses.

Voici deux exemples de seuil :

  • En Croatie, il est à 10% des ins­crits. En juin 2013, dans les deux semaines pré­vues par la loi, 21% de signa­tures ont été réunies pour deman­der qu’il soit pré­ci­sé dans la Constitution qu’un mariage unit un homme et une femme. Le « oui » l’a empor­té avec 23 des suf­frages expri­més mais seule­ment 38% de participation.
  • En Italie, lors du der­nier réfé­ren­dum qui visait à abro­ger 3 lois le même jour, 54% des ins­crits se sont dépla­cés pour aller voter « oui » à ces abro­ga­tions. On peut donc pen­ser qu’il n’y aura aucune dif­fi­cul­té pour réunir les signa­tures per­met­tant d’imposer un réfé­ren­dum pour rem­pla­cer des moda­li­tés si nécessaire.

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