Chaud et … tiède

Une délé­ga­tion d’Article 3 a ren­con­tré le 10 février MM. les séna­teurs Joël Labbé et Ronan Dantec (EELV) au Sénat. Nous quit­tons cette réunion extrê­me­ment par­ta­gés. D’un côté, la pos­ture de M. Labbé semble tou­jours mon­trer un sou­tien sin­cère en faveur du réfé­ren­dum d’i­ni­tia­tive citoyenne (RIC), et M. Dantec exprime clai­re­ment qu’il sou­tient le réfé­ren­dum. En même temps, mal­gré des demandes expli­cites de notre part, nous n’ob­te­nons aucun enga­ge­ment per­son­nel des séna­teurs ren­con­trés. Y com­pris dans des actions de com­mu­ni­ca­tion peu enga­geantes, qui pour­raient aider direc­te­ment le grand public à mieux connaître le Référendum d’Initiative Citoyenne et l’as­so­cia­tion Article 3. Quand on prêche pour l’ins­tau­ra­tion d’une culture du réfé­ren­dum dans notre pays (R. Dantec), c’est pour le moins paradoxal.

Un engagement initial clair

Suite au contact ini­tié par Mata’i Souchon (Article 3) avec le séna­teur M. Labbé à l’oc­ca­sion du débat public du pro­jet de loi pour la recon­quête de la bio­di­ver­si­té, de la nature et des pay­sages, via le site Parlements et Citoyens. Durant ce débat, le séna­teur s’é­tait enga­gé à tra­vailler avec l’as­so­cia­tion pour abou­tir au dépôt d’une pro­po­si­tion de loi en 2016. « Dès qu’il y a une pos­si­bii­li­té de le mettre à l’ordre du jour du groupe des éco­los au Sénat, je le mets » (1340″), « Sur le fait que nous éco­los on remette sur le devant de la scène le droit de péti­tion, le réfé­ren­dum d’i­ni­tia­tive citoyenne pour le réfé­ren­dum donc on va en dis­cu­ter, je m’y engage » (1440″).

En 2015, deux pre­miers rendez-vous nous ont mobi­li­sés pour ten­ter de concré­ti­ser cette décla­ra­tion d’in­ten­tion, avec M. Labbé puis avec l’as­sis­tante par­le­men­taire du séna­teur M. Dantec. Cette ren­contre en février 2016 réunis­sait pour la pre­mière fois les deux séna­teurs et une délé­ga­tion d’Article 3.

Les craintes expri­mées par M. Dantec résultent, de son point de vue, d’un cer­tain réa­lisme quant à l’é­tat conjonc­tu­rel de l’o­pi­nion publique. Il craint de voir le RIC ins­tru­men­ta­li­sé par des forces réac­tion­naires plu­tôt favo­rables à « l’entre-soi ». Mais ces craintes montrent aus­si que M. Dantec croit plus dans l’État, comme fac­teur de sta­bi­li­té et de pro­grès, que dans le peuple. Nous ne pou­vons sous­crire à cette vision. Nous pen­sons au contraire que l’in­tel­li­gence col­lec­tive consti­tue la meilleure chance pour notre pays de sor­tir des dif­fi­cul­tés cri­tiques et urgentes aux­quelles il est confron­té. Et d’ailleurs, c’est bien vers le réfé­ren­dum que nos deux séna­teurs se tournent quand il s’a­git d’a­pai­ser des crises comme Notre-Dame-des-Landes, ou pour lut­ter contre le TAFTA. Nos points de vue divergent donc tant sur la confiance à accor­der au peuple que sur l’ur­gence de la situa­tion de notre pays.

Le bilan de la réunion est donc très déce­vant. C’était bien enten­du pré­vi­sible, la réa­li­té que nous cher­chons à faire évo­luer est ins­tal­lée depuis si long­temps ! Pour autant, nous pour­sui­vrons pro­ba­ble­ment nos échanges avec les col­la­bo­ra­teurs de MM. Dantec et Labbé. Ne serait-ce que, par exemple, pour rendre compte des ini­tia­tives réfé­ren­daires qui émer­ge­ront dans le pays, et pour pour­suivre notre effort d’é­du­ca­tion popu­laire en faveur du RIC.

Et ensuite ?

Les actions sont essen­tiel­le­ment du côté d’Article 3 et nos deux séna­teurs n’ont pris aucun enga­ge­ment per­son­nel à ce stade. Même si cela semble légi­time de leur point de vue, c’est bien enten­du très frus­trant. Inquiets de la mon­tée de réflexes iden­ti­taires, pla­cés en situa­tion très mino­ri­taire au Sénat, ils sont incon­for­tables avec l’i­dée de don­ner au peuple un vrai pou­voir direct. Par consé­quent, ils adoptent une atti­tude que nous qua­li­fie­rons de « pru­dente » en sug­gé­rant d’ins­tau­rer avant tout une « culture du réfé­ren­dum ». Même si c’est com­pré­hen­sible, com­ment ne pas éga­le­ment inter­pré­ter cette pos­ture comme un réflexe de pro­tec­tion du statu-quo, voire des pri­vi­lèges du pou­voir en place ? Pour évi­ter cela, il eut fal­lu que nos édiles s’en­gagent clai­re­ment à agir per­son­nel­le­ment. Il faut ici rap­pe­ler que c’est d’un enga­ge­ment à agir pris publi­que­ment par M. Labbé que tout cela est parti.

MM. Labbé et Dantec nous ont assu­rés que nous pou­vons comp­ter sur l’aide directe de Bérangère Bathiot et de Aurélien Vernet, leurs deux assis­tants par­le­men­taires, pour sou­te­nir nos actions auprès des acteurs poli­tiques sus­cep­tibles d’agir en faveur de réfé­ren­dums locaux. Nous sou­te­nir, cela signi­fie très concrè­te­ment appe­ler les contacts envi­sa­gés pour les invi­ter à nous rece­voir, témoi­gner de notre fia­bi­li­té, bref nous mettre le pied à l’étrier. Cela inclut éga­le­ment de nous indi­quer des per­son­na­li­tés à appro­cher. Qu’ils en soient remer­ciés. Bien enten­du, l’a­ve­nir nous dira si cet enga­ge­ment est sui­vi d’effet.

Les actions envi­sa­gées à ce stade sont les suivantes :

  1. Rédiger un dos­sier à charge et à décharge sur la ques­tion du réfé­ren­dum comme outil d’apaisement socié­tal : risques et condi­tions de suc­cès, aspects théo­riques et exemples concrets ;
  2. Constituer un petit col­lec­tif ayant pour objec­tif la rédac­tion d’un rap­port sur l’é­ven­tuel « réfé­ren­dum » qui pour­rait être lan­cé sur le pro­jet d’aé­ro­port de Notre-Dame des Landes ;
  3. Nous rap­pro­cher du col­lec­tif « Stop Tafta ! » pour envi­sa­ger une com­mu­ni­ca­tion conjointe ;
  4. Identifier les situa­tions de blo­cage qui existent actuel­le­ment à l’échelon local (pro­jets d’aménagement par exemple) et recher­cher là encore des contacts pour faire adve­nir un réfé­ren­dum (hors réunion : envi­sa­ger d’entrer en rela­tion avec l’Agence Nationale du Débat Public pour avoir une liste de cas à creuser) ;
  5. Interviewer les élus locaux qui ont orga­ni­sé des réfé­ren­dums locaux et rendre compte de ces expériences ;
  6. Utiliser le maté­riau récol­té en inter­views pour invi­ter d’autres élus à agir de même ;

Qu’en pensez-vous ? Etes-vous prêts à vous enga­ger pour mener à bien une de ces actions ?

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